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Maryse Dupas nous raconte son expérience

aux Jeux Olympiques !

 

Si vous faites de l'athlétisme en Charente, son visage vous est forcément familier. D'abord parent d'athlète, Maryse Dupas a vite attrapé le virus de l'athlé en devenant athlète (marche athlétique), puis juge. Après avoir passé son premier diplôme d'officiel en 2003 avec un régional lancers, Maryse a emmagasiné de l'expérience sur des compétitions départementales, régionales, puis nationales, avant de rajouter la ligne "internationale" à son CV en officiant cet été aux JO !

 

Comment t’es venue l’idée de postuler pour être juge aux JO ?

 

Je ne me souviens pas vraiment. En fait, ça s'est fait naturellement. Je me sentais prête pour l'aventure !

 

Comment as tu appris ta sélection ?

 

Par un appel de Marie Anne, la Présidente de la COT (Commission Technique des Officiels) LANA, en octobre 2022, qui m’a appris que j’étais sélectionnée pour juger aux Jeux Olympiques ! J’étais très très contente et je lui ai dit plusieurs fois merci. Cerise sur le gâteau, ma fille Alice était aussi sélectionnée.

 

Elle était sélectionnée sur quel poste ?

Elle est juge lancers et sauts (Alice est une ancienne lanceuse de marteau). Mais ils étaient tellement en Rhône Alpes Auvergne qu'elle a du passer des sélections !

 

Comment s’est passée l’attente, de l’annonce de ta sélection jusqu’à l’approche des JO ?

 

J'avais informé mon entourage de ma sélection, mais je n’avais plus de nouvelle durant l'année 2023, le doute commençait à s’installer…

 

Novembre 2023 : enfin la LETTRE DE MISSION qui officialise ma participation !

Fin janvier 2024 : 1ére visio pour préparer les JO, puis une tous les mois. On nous présentait l'organigramme, le Stade de France, les stades d'échauffement, les parcours de Marche et Marathon… Tout était sur plan, je trouvais ça assez compliqué.

 

En mars 2024, j’ai reçu mon affectation : Voltigeurs, c'est-à-dire remplaçante... D'abord déçue avec un sentiment d'inutilité, j'ai finalement réfléchi et j'étais contente, parce que cela voulait dire "capable de tout faire".

 

Quand est-ce que vous (les juges) êtes montés à Paris ?

 

Le grand départ pour Paris, c’était le 30 juillet. TGV direct Bordeaux/Paris, sans sabotage sur la ligne (des dégradations avaient eu lieu quelques jours plus tôt). On était logés dans un bel hôtel, Porte de la Chapelle, avec Alice (sa fille, également juge aux JO).

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Le lendemain, dernières réunions d'information, les ITO (Commission Technique Internationale) se présentent. Après nous avoir fait visiter le stade, je commence à comprendre ce que l’on nous avait expliqué sur plans : les accès à la piste, appelés pénétrantes, de couleurs vertes, rouges, jaunes, bleues suivant l'entrée au 100m, 200m, 300m, 400m. L'après-midi était consacré aux photos de tous les NTOs (Officiels Techniques Nationaux) sur la piste, et ensuite par groupe : ligue, comité et club.

Vous avez eu le temps de souffler un peu ?

 

Oui, on a eu quartier libre au Stade de France le jeudi matin (1er août). Michèle (Sapin) en a profité pour m'emmener dans les tribunes devant le "bac à sable" voir les "rois" du ratissage, ils ont même créé leurs propres râteaux ! Des athlètes étaient déjà là pour prendre des marques. Certains faisaient quelques accélérations, d'autres quelques essais de sauts en longueur.

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Le repos fut de courte durée ?

 

Et oui, l’après-midi : répétition générale avec une petite compétions d'une heure (Sprint, Longueur, Marteau) avec quelques athlètes locaux, les cameramen et les photographes. J’étais à la chute au Marteau avec un prisme (outils pour faire la mesure électronique). On était deux, un de chaque côté.

Est-ce qu’il y a des règles particulières à respecter ?

 

Il y a d'abord le Dress code. Tout le monde habillés pareil : polo gris, short, Panama (une sorte de chapeau) pour le matin. Et chemise blanche et pantalon pour le soir. Ensuite il y a un sens de circulation à respecter. On entre à l'instant T, en ordre, en file indienne, et par la bonne pénétrante.

 

Raconte-nous ton premier jour de compétition.

 

Vendredi 2 août - C'est le grand jour ! J’étais au concours de qualification du Marteau Masculin. Entrée sur le stade dans l'ordre comme la veille, le public commence à arriver, et un léger brouhaha parcourt les tribunes. Puis les athlètes arrivent, et les premières clameurs avec : au secours, où sont mes bouchons d'oreilles ?! Il y avait aussi des courtes périodes de silence pour les départs, sitôt suivis de clameurs après le "coup de feu". Dès qu'un Français apparaissait, les clameurs étaient plus intenses, le bruit me tombait dessus. Mais à la fin de la semaine, j'étais devenue accro à ces clameurs !

 

Tu sais que l’on t’a aperçu plusieurs fois à la TV ?

 

Oui, notamment lors du concours de qualification de Yann Chaussinand. J’ai couru mettre mon prisme sur la marque, et tout le monde m’a vu. J'avais pourtant dit à mon entourage que je devrais être invisible.

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Est-ce que tu as été affectée à d’autres postes que le marteau ?

 

Tout à fait. Samedi 3 août, j’étais assistante athlètes à la Perche du Décathlon Masculin. Assise près des bancs, j’étais là avec ma feuille de concours pour leur permettre de suivre, et s'ils avaient besoin de quitter le concours avant la fin.

Dimanche 4 août, j’étais au balayage aux concours de qualif du Saut en Longueur Masculin. Ils avaient fait des bacs à sable sans fosses de récupération. Il n'y a pas de tâche ingrate. Ces sauteurs, ils en mettaient partout ! Je devais balayer en même temps que le ratissage. Et je devais me lever et m'asseoir en même temps que les autres juges. Il faut faire vite, c'est sport. Cette fois-ci aussi, tout le monde m'a vue. J’ai reçu beaucoup des SMS avec photo d'écran.

Mardi 6 août, j’étais « Marshall » (commissaire en anglais) : assise devant l'entrée du 300m, j’étais là pour accompagner les athlètes aux toilettes. Pas une tâche ingrate non plus, c'est la règle. L'après-midi, je reprenais mon balai pour la finale de la longueur masculine.

 

Mercredi 7 août, j’étais Assistante Starter, avec un "Push to talk" (talkie walkie). Je devais faire entrer les athlètes à l'instant T, après avoir vérifié en quelques minutes le port des dossards et la présence des stikers sur les cuisses avec l'aide des bénévoles. Je devais signaler toutes modifications dans les listes de Départs par rapport à celles qu'on avait avant le début des courses.

 

Ce sont des choses qui arrivent vraiment à ce niveau ?

Oui, les listes des 5000m n’étaient pas les bonnes. Petit coup de stress…

 

Et ça s’est réglé comment ?

J'ai remarqué que la liste des athlètes attendus en chambre d'appel n'était pas la même que la start-list. J'ai donc prévenu un officiel sur le terrain, qui a remanié la start-list. C'était la procédure à effectuer dans ces cas là. J'avais ce rôle : vérifier si la liste de la chambre d'appel concordait bien avec la start-list. Ce genre de problèmes pouvaient facilement arriver en cas d'athlète non-partant. 

Est ce que tu as été affectée à des postes qui n'existent qu'au niveau international ?

Oui, vendredi 9 août par exemple, j'étais Marshall au Kiss and Crye (que l’on pourrait traduire par « Embrassades ou pleures). C'est la "salle d'attente" pour les qualifiés aux temps sur les courses, qui attendent en direct les résultats des séries suivantes pour savoir s’ils seront bel et bien qualifiés.

 

Kiss : pour ceux qui restent qualifiés, et qui restent donc dans la salle. Et « Crye » pour ceux qui se font éjecter par un chrono plus rapide dans la série qui vient se courir sous leurs yeux.

 

Je devais être assise sur le côté, pas dans le champ de la caméra qui était fixée sur les bancs. Il y a de la place pour trois mais pas pour huit, pour les qualif des relais 4x400 masculin. L'après-midi, j’étais Commissaire de Courses à divers endroits selon si elles sont en ligne droite ou plus longue.

Samedi 10 août, j’étais Marshall au niveau du concours de Saut en Hauteur : accompagnement des athlètes qui ont besoin d'aller aux toilettes. Pauvre Marco Tamberi, il n’était pas en forme. Il a du se rendre deux fois aux toilettes pendant le concours (il souffrait de coliques néphrétiques).

Et puis dimanche 11 août : retour à la maison pour tout le monde. Ma profonde déception c'est de voir, le soir, les bénévoles invités et mis à l'honneur pendant la Cérémonie de clôture. Et nous, les centaines de juges toutes disciplines confondues, nous avons été ignorés. Pourtant, sans juge, pas de compétitions…

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Ceci dit, on a reçu de nombreux messages de remerciements de la part de nos instances, et même un certificat de participation signé de Thomas Bach (Président du CIO) et Tony Estanguet.

Merci Maryse !

Collaboration avec me G2A : retrouvez l'interview de Philippe Chapt sur le site internet du G2A.

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